Le programme de recherche se décline en axes opérationnels. Ils ont été élaborés pour interroger les enjeux et les attentes vis-à-vis de la formation continue.
Comment les publics considérés comme « peu employables » et dont les parcours sont marqués parfois par de nombreux décrochages, notamment scolaires, vivent-ils et considèrent-ils la formation professionnelle ? Quelles sont leurs aspirations, les espoirs placés dans les dispositifs de formation continue qui leur sont accessibles ? Quelles ressources mobilisent-ils pour reconstruire un parcours de formation, notamment en alternance ? Quels obstacles rencontrent-ils ?
Axe 1 : Injonction à se former et accès à l’emploi
Le plan présidentiel vise à augmenter de 500 000 les demandeurs d’emploi en formation. Il s’agit d’une volonté gouvernementale de faire de la formation continue LA solution contre le chômage. Mais par rapport aux objectifs fixés par la loi relative à « la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale », la réalité vécue par les chômeurs peut diverger. Cet axe questionne l’injonction à se former dans les parcours d’accès à l’emploi. Pour cela, trois groupes de chercheurs étudient les trois types de publics suivants :
- Les jeunes décrocheurs. C’est-à-dire des jeunes de 18-25 ans qui ne sont ni en emploi, ni à l’école (Kramarz, 2015) et des jeunes qui échouent soit au bac, soit au BTS et qui cherchent ensuite à reprendre des formations en alternance.
- Les publics dits éloignés de l’emploi en raison de leur durée au chômage, de leur âge, de leur faible qualification et de leur problèmes de santé.
- Les demandeurs d’emploi victimes de discrimination sur le marché du travail : les femmes migrantes ou issues de l’immigration.
Axe 2 : Injonction à se former et accès aux moyens de sécuriser les parcours professionnels
Originellement, la formation a pour vocation de promouvoir les compétences pour permettre l’évolution et la promotion professionnelle. Nous sert aussi de plus en plus la formation professionnelle pour des missions de sécurisation des parcours professionnels. Elle vise à favoriser le maintien en l’emploi des travailleurs fragilisés. Cette fragilité provient de transformations organisationnelles, de problèmes de santé ou de leur âge. Quatre groupes de chercheurs étudient quatre types de salariés :
- Des salariés qui exercent dans des secteurs caractérisés par la fragmentation de l’emploi (contrats courts, temps partiel, multi-employeurs) qui est une condition peu propice au recours à la formation.
- Les travailleurs seniors fragilisés dans leur emploi du fait de l’allongement de la vie active
- Des salariés stables dans l’emploi mais menacés de désinsertion professionnelle. Ils sont fragiles professionnellement à cause de problème de santé. Ils peuvent aussi être contraints à une réorientation choisie ou subie car leur métier ou leur poste a fondamentalement changé.
- Des salariés susceptibles d’être bien intégrés et en recherche de promotion sociale. Les cadres du secteur social et médico-social connaissent une injonction à la formation de haut niveau (niveau 2 ou 1) depuis 2007. Comment ces salariés vivent-ils la formation, qui s’impose à eux au regard de nouvelles dispositions réglementaires, tandis que les cadres de ce secteur accédaient traditionnellement aux fonctions supérieures en justifiant de leur expérience professionnelle ?
Axe 3 : Axe transversal
Enfin, le dernier axe propose trois analyses transversales à la formation professionnelle continue. Les observations et les analyses nourrissent et se nourrissent des travaux des deux axes précédents.
- Pour commencer, à partir des textes de loi, la première analyse s’attache à étudier l’injonction à la formation. Elle s’appuie sur l’effectivité du Compte Personnel de Formation (CPF). INFORMA consacre la première partie du travail à l’application du CPF auprès des demandeurs d’emplois et aux réponses de Pôle Emploi et du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), créé en 2009 pour succéder au Fonds unique de péréquation (FUP), aux demandes d’usage de ce compte par les sans-emplois. La seconde analyse porte la négociation collective de branches, voire d’entreprise quand il y en a, sur l’application du CPF.
- Ensuite, à l’aide d’observations et d’entretiens menés dans les structures de formation, la deuxième analyse d’ordre sociologique porte sur la mutation des rapports institutionnels liés à la formation professionnelle dans le champ de l’intervention sociale. Cette analyse située permet de remettre en perspective les questions de qualification des métiers sociaux et des personnels d’encadrement du champ social dans une histoire sociale des établissements de formation, publics et privés.
- Enfin, un troisième niveau d’appréhension porte sur une analyse psychologique de la motivation envers la formation et de son impact sur l’employabilité des individus en recherche d’emploi. Il cherche à définir des critères motivationnels plus ou moins favorables à l’investissement des personnes dans un cursus de formation.